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Marlie et Jona sauvent des animaux en détresse
Leur voiture n’est certes pas équipée de gyrophares ni d’autocollants voyants, mais Marlie Van Gils (38 ans) et sa fille, Jona Canhasi (6 ans), se déplacent régulièrement pour sauver des vies. Elles sont toutes deux bénévoles pour Wildlife Taxi Team et se précipitent au secours des animaux sauvages en détresse : des pigeons qui s’écrasent contre une fenêtre, des lapins abandonnés… Elles déposent tous les animaux qu’elles récupèrent au refuge ornithologique de Malderen où ils sont pris en charge.
Pigeons maladroits
Nous sommes mercredi après-midi, il fait très chaud. Marlie sirote une boisson rafraîchissante dans le jardin d’un restaurant près de chez elle. Jona s’amuse avec ses amis Feras (7 ans) et Lilou (5 ans) à l’aire de jeux. Les bénévoles pour Wildlife Taxi Team ne doivent pas rester chez eux toute la journée en attendant les appels. Ils peuvent aussi s’installer sur une terrasse. En effet, personne ne sait jamais où ni quand on aura besoin d’eux. « Aujourd’hui, j’ai demandé de nous mettre en tête de la liste des appels », explique Marlie. « Si un animal est en détresse, nous serons donc les premières appelées. Nous attendons. »
Que nous réserve la journée ? Le sauvetage d’un chevreuil percuté par une voiture ou d’un hérisson pris dans un piège ? « Nous sauvons généralement des pigeons », sourit Marlie. Ils s’écrasent souvent contre des obstacles. « N’avez-vous jamais remarqué à quel point ils s’envolent lentement lorsque vous approchez en voiture ? Ce sont des oiseaux assez maladroits », rit Marlie.
« Nous sommes bénévoles depuis que Jona a quatre ans. Elle adore les animaux depuis toujours. »
Cela fait deux ans que Marlie et Jona sont bénévoles pour Wildlife Taxi Team (WTT). « Nous habitons à Willebroek et prenons en charge les animaux dans toute la région. Le week-end, nous logeons chez mes parents à Baarle-Nassau et sommes alors actives dans cette région. Nous recevons en moyenne un appel toutes les deux semaines. Lorsque le central nous téléphone, nous pouvons décider au moment même si cela nous convient. Nous ne nous déplaçons jamais après 19 h, c’est trop tard pour Jona. »
Ce travail comme bénévoles est aussi l’occasion idéale de passer un moment entre mère et fille. « Nous aimons toutes les deux partir à l’aventure. En chemin, nous bavardons un peu. Nous ne manquons jamais de rendre visite aux animaux au refuge. Nous avons commencé quand Jona avait quatre ans. Elle adore les animaux depuis toujours », poursuit Marlie.
Qui sont Marlie et Jona ?
Marlie (38 ans) est une mère célibataire d’une petite fille de 6 ans, Jona.
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Elles adorent toutes deux la nature et les animaux (sauvages).
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Marlie est professeur de secourisme à la Croix-Rouge.
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Depuis 2017, elles sont bénévoles pour Wildlife Taxi Team Midden Kempen.
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Elles parcourent la région de Willebroek et Baarle-Nassau pour recueillir les animaux blessés et les amener au refuge ornithologique de Malderen.
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Quand Jona sera plus grande, elles veulent devenir bénévoles pour un VOC.
Jona arrive en courant. Elle porte un t-shirt avec quatre tigres. Voilà qui confirme son amour pour les animaux ! « Grâce à WTT, nous nous rendons souvent chez les gens », précise Marlie. « C’est toujours un plaisir. En principe, les gens doivent amener eux-mêmes dans un refuge l’animal qu’ils trouvent. Mais parfois, ils n’ont pas de moyen de transport ou ils ont peur de toucher l’oiseau. Cela arrive aussi ! »
« Moi, je n’ai pas peur », intervient Jona. « Nous les mettons dans une boîte et ils sont toujours bien sages. Une fois, la route était si longue que je me suis endormie dans la voiture, la tête sur la boîte. » Sa maman sourit. « C’est vrai ! Je la voyais dodeliner de la tête sur la banquette arrière. »
Nuit dans un nichoir
Une demi-heure s’est écoulée, et Marlie n’a toujours pas reçu le moindre appel. Allons-nous devoir percuter un pigeon pour mettre en scène un sauvetage ? « Nous pouvons aller au refuge ornithologique », suggère Marlie. « Vous verrez comment nous recueillons les animaux blessés. » C’est incontestablement une meilleure idée, Marlie !
C’est un incessant va-et-vient au VOC, le refuge pour oiseaux et animaux sauvages de Malderen. Quelqu’un amène un pigeon, le téléphone sonne. Un nichoir est installé dans l’allée. Les gens peuvent y laisser des animaux en dehors des heures d’ouverture. « Une permanence est assurée chaque jour jusqu’à minuit », explique John Acke (57 ans), un collaborateur du refuge. Malgré son programme très chargé, il tient à prendre le temps de nous donner un petit mot d’explication. Il nous avance directement quelques chiffres. Le refuge a ouvert ses portes il y a 37 ans. À l’époque, l’infrastructure était toute petite et aménagée dans l’habitation privée de son fondateur. Chaque année, il recueille 7 500 animaux. Deux tiers d’entre eux sont ensuite relâchés dans la nature, à plus ou moins long terme. Un tiers d’entre eux ne survit pas. « La situation de certains animaux est malheureusement trop grave quand ils arrivent ici. Notre vétérinaire doit alors les euthanasier. »
« Nous avons un jour amené un petit lapin », intervient Marlie. « Tu t’en souviens, Jona ? Il présentait des tuméfactions. Une femme l’avait trouvé en se promenant. Apparemment, il avait la myxomatose, une grave maladie pour les lapins. Lorsque nous l’avons déposé ici, l’un des bénévoles a immédiatement prévenu qu’il était mal en point. »
« Un colombophile néerlandais a récemment spécialement demandé à un coursier de récupérer un pigeon dans notre refuge. »
« C’est malheureusement la vie », ajoute John. « Les animaux commencent en principe leur convalescence dès que nous les prenons en charge. L’objectif est de tous les relâcher dans la nature. » Ou de les ramener d’où ils viennent. « Par exemple, si quelqu’un nous apporte des pigeons bagués, nous essayons de retrouver les propriétaires. » Souvent, ceux-ci préfèrent malheureusement se débarrasser du pigeon égaré. « Ils nous disent alors de lui tordre le cou », regrette John. « Nous ne le faisons bien sûr jamais ! » Parfois, l’histoire se termine mieux. « Un colombophile néerlandais a récemment spécialement demandé à un coursier de récupérer un pigeon chez nous. Il valait probablement un peu plus cher. » (Il rit.)
Hérissons bagarreurs
De temps en temps, le VOC propose à l’adoption des animaux qui sont rétablis. « Cela arrive pour certains reptiles. Nous avons par exemple recueilli un boa constricteur abandonné dans une caisse dans les bois. Nous avons aussi déjà retrouvé un agame barbu, une espèce de lézard, dans une boîte dans notre allée. C’est parfois triste de voir ce que les gens font subir à leurs animaux de compagnie. Ils sont sous le charme de la bête quand ils l’achètent, puis se lassent ou se rendent compte que les soins coûtent trop cher. C’est ainsi que ces animaux arrivent chez nous. »
« L’appel le plus spectaculaire que nous ayons reçu concernait une cigogne. J’ai eu chaud à l’époque ! Comment faire rentrer un tel oiseau dans une voiture ? »
Marlie et Jona ne sont jamais allées chercher un serpent. « L’appel le plus spectaculaire que nous ayons reçu concernait une cigogne. J’ai eu chaud à l’époque ! Je ne voyais pas vraiment comment faire avec Jona. Et comment faire rentrer un tel oiseau dans une voiture ? Heureusement, cette mission a finalement été annulée. Nous préférons nous occuper des plus petits oiseaux. »
Ou d’un écureuil ou d’un hérisson. « Notre refuge abrite plein de hérissons », précise John. « Ce sont souvent des mâles, blessés lorsqu’ils se battent avec des congénères. Une bactérie infecte ensuite la plaie. Si nous intervenons à temps, nous pouvons encore les sauver grâce à des antibiotiques. »
Premiers secours pour les animaux sauvages
Que faire (ou éviter) lorsque vous découvrez un animal sauvage blessé ? John vous explique tout :
- Amenez l’animal au plus vite dans un refuge. Vous trouverez les adresses des refuges en ligne.
- N’essayez pas de soigner la bête vous-même. « Même pas si vous avez envie de la câliner, comme dans le cas d’un écureuil », avertit John. « Si vous perdez trop de temps, il peut être trop tard pour sauver l’animal. Prenez donc immédiatement contact le refuge ornithologique de votre région. »
- Ne nourrissez pas l’animal. Vous pourriez faire pire que mieux !
- Mettez l’animal dans une boîte percée de trous d’aération. Évitez les modèles trop grands qui risquent notamment de stresser davantage les oiseaux. « Les gens arrivent parfois avec un moineau dans une boîte en carton de la taille d’une télévision, comme s’ils nous amenaient un éléphant », rit John.
- L’hiver, glissez aussi une bouillotte dans la boîte pour que l’animal reste au chaud. « Il suffit par exemple d’enrouler une bouteille d’eau chaude dans une serviette. »
Antibiotiques, euthanasie, soins quotidiens pendant des heures. Le VOC a besoin de nombreux aidants pour continuer à exister. « Nous recevons des subventions du gouvernement et de la commune, mais mettons également tout en œuvre pour lever des fonds nous-mêmes », souligne John. « Une collecte de fonds nous a permis de réunir assez d’argent pour acheter une prairie. Et nous construisons actuellement un tout nouveau bâtiment avec une salle d’opération pour notre vétérinaire. »
Une crevette de compagnie
Tous les animaux qui sont pris en charge au VOC sont d’abord placés en quarantaine. « Les plus petits sont mis en couveuse et nourris par nos bénévoles », poursuit John. « Ceux-ci ne les caressent pas et ne les câlinent pas non plus : pour pouvoir être relâchés dans la nature, les animaux ne peuvent pas être apprivoisés. »
Jona et ses amis sont collés aux fenêtres. « Oh ! Deux écureuils ! Et des petits oiseaux ! » John prend un étourneau et un bébé hérisson pour la photo. « C’est exceptionnel pour que vous puissiez les examiner de tout près. »
« Ils ne les caressent pas et ne les câlinent pas non plus : pour pouvoir être relâchés dans la nature, les animaux ne peuvent pas être apprivoisés. »
Jona suit les instructions pour bien tenir le petit oiseau. Elle est très attentive. Parmi ses animaux domestiques, elle n’a pas encore d’oiseau. En revanche, elle a deux octodons (des petits rongeurs), un chat et… une crevette ! Elle s’appelle Lotte. « Nous l’avions adoptée pour nettoyer l’aquarium de nos poissons », se souvient Marlie. « Les poissons sont maintenant morts, mais la crevette est restée ! »
Et elle dispose d’un aquarium de luxe. Comme nous vous le disions, Marlie et Jona adorent les animaux ! « Je travaille à temps plein comme enseignante à la Croix-Rouge », précise Marlie. « Mais j’aime prendre le temps de faire du bénévolat pour WTT. Quand Jona sera un peu plus grande, j’aimerais venir apporter mon aide au refuge. Nous devons tous respecter la nature et sa faune. Et pour cela, quoi de mieux que de montrer le bon exemple à vos enfants ? »
Une spatule blanche émouvante
Pour John aussi, aider le VOC, c’est plus qu’un travail. « Je suis régulièrement ému par ce que je vois ici. Aucun doute là-dessus ! » C’était notamment le cas avec une spatule blanche. La malheureuse avait heurté un câble à haute tension et était « complètement éventrée ». Elle était recouverte de sang, sa vie ne tenait plus qu’à un fil. « Notre vétérinaire a passé des heures à la recoudre. Nous ne pensions pas qu’elle survivrait. » Mais elle s’en est sortie ! Et John a eu la larme à l’œil lorsqu’elle a été relâchée. « Après avoir passé près de neuf mois à soigner un oiseau, vous ne pouvez pas rester indifférent lors de son envol. » Et la spatule blanche ? Elle était visiblement aussi émue ! « Avant de partir, elle a encore fait deux tours du terrain, comme si elle voulait nous remercier. »
Marlie remarque soudainement un grand rapace qui partage une cage avec quelques cochons d’Inde. Ne risque-t-il pas de dévorer ces petites boules de poils ? « Non », sourit John. « Nous sommes évidemment attentifs aux associations que nous faisons. Ce rapace est un milan noir. Les cochons d’Inde sont trop grands pour lui. De plus, les rapaces deviennent paresseux lorsqu’ils vivent en captivité. Si vous les nourrissez, ils n’ont plus envie de chasser. Si les cochons d’Inde ont des jeunes, il faudra en revanche faire attention. En effet, les bébés seraient évidemment vite avalés ! »
Les cochons d’Inde rongent l’herbe dans la cage, « comme dans Les Pierrafeu », tandis que le milan noir est un résident permanent qui attend de nouvelles plumes. « Quelqu’un a arraché ses plus grandes plumes pour qu’il ne puisse plus voler. Elles vont repousser, mais cela prend du temps. Cela fait maintenant 2,5 ans qu’il est chez nous. Eh oui ! Certaines histoires sont parfois complètement dingues ! »
« Avant de partir, elle a encore fait deux tours du terrain, comme si elle voulait nous remercier. »
Mais il y a aussi toujours de beaux moments. Et chacun peut en créer, comme John. « Vous nous avez déjà ramené pas mal d’oiseaux. Vous voulez en relâcher un ? », demande-t-il à Marlie et Jona. La réponse fuse, elles acceptent immédiatement. Nous les voyons penser : « Puisque nous ne pouvons pas sauver d’animal aujourd’hui, nous allons faire une autre bonne action. » John sort une tourterelle turque de sa cage. « Elle est très active et est donc prête à recommencer à explorer le vaste monde », se réjouit-il. Marlie la saisit doucement et lance l’oiseau en l’air. La première fois, il reste sur sa main, effaré. La seconde fois, il s’envole ! Le voilà parti, sans faire deux tours du terrain. Même s’il ne nous remercie pas particulièrement, il a pourtant l’air très heureux.
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