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Cacher ici et là des objets de son héritage et créer la surprise avec Koaren

« Neem mij mee. Ik ben een cadeau! #zwerfgoed. » (ndlr : Prenez-moi. Je suis un cadeau !) Si vous vous promenez à Anvers et que vous observez bien, vous découvrirez ici et là des sachets violets affichant ce message. Il s'agit d'une action du Museum aan de Stroom (MAS) et de son artiste en résidence Karen François (29 ans). Karen invite tous les Anversois à cacher dans la ville des petits cadeaux qu'ils considèrent comme leur héritage, pour créer des liens entre les gens et faire apparaître des sourires sur un maximum de visages. « Certains ont déjà laissé derrière eux des choses vraiment adorables », explique-t-elle.


Héritage personnel à partager

Le carlin Jean-Bob* est prêt. Il remue la queue en attendant de partir en promenade avec sa propriétaire Karen - qui préfère qu'on l'appelle Koaren, son nom d'artiste. Celle-ci a prévu de déposer un petit paquet. Mais notre ami à quatre pattes va devoir se montrer patient. Dans son appartement de la Belgiëlei, Karen est en train d'emballer un énième cadeau à dissimuler. « Je pense que j'en ai déjà caché une vingtaine », dit-elle. Attention spoiler : « Cette fois, il s'agit d'un mug avec une inscription teintée de sarcasme. Dans la police Comic Sans. Cela me rappelle quand j'étais jeune. À l'époque, tous les tests à l'école étaient rédigés dans cette police. »

 

C'est clair : Karen aime les blagues. Et n'est pas non plus contre un petit revenu complémentaire lucratif. Sous le nom de marque « Koaren », elle vend des gadgets - ou des articles ménagers, si vous préférez - sur lesquels sont imprimées des citations amusantes : des paillassons aux sacs shopping en passant par les aux mugs. Ces articles qui ont tous commencé comme une blague connaissent aujourd'hui un joli succès.

« J'ai déjà caché au moins vingt paquets. Cette fois, il s'agit d'un mug avec une inscription teintée de sarcasme. »


Au MAS, on a également apprécié son humour. Karen est d'ailleurs devenue une des artistes en résidence du Musée. Sa mission ? Créer de chouettes projets sur le thème de l'héritage personnel. « J'ai été honorée et j'ai immédiatement eu des idées de petits marchés et d'événements. Malheureusement, à cause du coronavirus, peu de choses se sont concrétisées. » Il a donc fallu approfondir la réflexion. C'est alors que Karen a eu l'idée de demander aux gens de cacher des petites surprises pour les autres dans la ville. « Attention, ce concept n'est évidemment pas nouveau », explique-t-elle. « De telles actions ont déjà été organisées par le passé. Comme celle des Chasseurs de livres, qui consiste à abandonner des romans dans la nature. En me promenant avec mon ami à Pelt, dans le Limbourg, nous sommes tombés sur un cadeau caché. Il s'agissait en fait d'une initiative des commerçants locaux. J'ai ajouté par la suite ma touche personnelle à ce concept. »

Graines de tournesol et casquette Gucci

À ceux qui craignent de ne pas avoir chez eux un petit bout d'héritage à partager, je dis : pas de panique ! « Vous pouvez en fait tout cacher », dit Karen. « Tant que c'est quelque chose que vous trouvez important, quelque chose qui fait partie de votre héritage. Une recette de gâteau de votre grand-mère, par exemple. Et pourquoi pas le gâteau lui-même. Le but est que cela vous fasse réfléchir, mais pas trop longtemps. Je connais des gens tellement hésitants qu'ils finissent par ne rien cacher. C'est dommage. »

Qui est Karen François ?

29 ans

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Originaire de Dilbeek, elle vit maintenant à Anvers.

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Surnommée « Koaren » à l’époque où elle était étudiante, en raison de l'accent anversois de ses amis

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Connue pour ses sacs shopping et autres accessoires aux citations telles que « Ik wil naar huis » (« je veux rentrer chez moi ») et « Aladdin zonder D is ook maar Alain » (« Aladdin sans D, c’est juste Alain »)

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Travaille au service création de la VRT - l'une de ses dernières réalisations est la rubrique « Mama’s kindjes » pour Iedereen Beroemd

Karen se met en route pour le parc de la ville. Jean-Bob est très enthousiaste. « Sur cet abribus, il y a peut-être une enveloppe », dit-elle en chemin. « Vous la voyez ? Mes lunettes sont à la maison. » En effet, en observant bien, nous remarquons un rectangle violet foncé sur le toit de l'abribus. « C'est une amie qui l'a déposée là il y a deux semaines. Elle est un peu vexée que personne ne l'ait encore trouvée », explique Karen en souriant. « On ne l'aperçoit quasiment pas de la rue. Je vais voir sur Facebook. » Karen sort son smartphone. Sur la page Facebook « Zwerfgoed », tous ceux qui ont caché un petit paquet peuvent partager des photos et des indices avec les honnêtes chercheurs. « Ici, je ferais mieux de dire qu'ils devraient apporter une échelle. »

 

« C'est rare qu'un paquet reste caché aussi longtemps », explique Karen. « Souvent, il disparaît dans le quart d'heure. C'est fou comme parfois les gens sautent dessus. Une fois, j'avais à peine déposé mon enveloppe qu'un passant l'avait déjà ramassée. On a alors pris un selfie ensemble. »

« Souvent, les paquets disparaissent dans le quart d'heure. C'est fou comme parfois les gens sautent dessus. »


Le but est que celui qui cache un paquet surveille si quelqu'un le trouve. « Les services de la ville sont au courant de l'action. Les éboueurs laissent les paquets. Bien sûr, il n'est pas question que ces paquets deviennent des déchets. Le règle est donc la suivante : votre cadeau est toujours là après dix jours ? Alors, déplacez-le. »

 

Le paquet le plus sympa jusqu'à présent ? « Sans aucun doute celui de Mohammed Ouaamari. Il avait caché près de la Sint-Jansplein un petit paquet parfait pour se détendre contenant un sac de graines de tournesol, deux Capri-Suns et une casquette Gucci. J'ai trouvé ça trop drôle. Donc vous voyez, les héritages peuvent être très variés. »


Backstreet Boys

L'action a démarré en janvier. Depuis, la ville compte plusieurs passionnés. « Il y a quelqu'un qui dépose partout des articles des Backstreet Boys. Elle doit avoir une sacrée collection à la maison », dit Karen en souriant. « C'est cool de suivre l'évolution de l'action sur la page Facebook. Je vois souvent passer les mêmes noms et j'ai même fait des rencontres virtuelles très sympas. Finalement, c'est un moyen de créer des liens entre les gens en cette période particulière. »

La page Facebook compte environ 1 300 membres. « Je ne m'attendais pas à ça », explique Karen. « Je suis parfois surprise de voir à quel point les gens sont impliqués. J'ai toujours eu un peu peur de l'échec. Une idée me vient, mais j'ai peur qu'elle échoue. J'ai ressenti la même chose avec cette action. Au début, j'ai donc demandé à mes amis s'ils pouvaient demander à des gens d’aimer ma page. Je leur ai dit : "Dès que j'aurai atteint les cent abonnés, je pourrai souffler". Je n'aurais jamais imaginé que nous allions dépasser les mille abonnés. »

« J'ai toujours eu un peu peur de l'échec. Une idée me vient, mais j'ai peur qu'elle échoue. J'ai ressenti la même chose avec cette action. »


Selon les estimations de Karen, des centaines de petits paquets auraient été cachés jusqu'à présent. « Je n'ai pas de chiffres exacts, mais cela fait longtemps que nous avons dépassé les quelques dizaines. Au MAS, vous pouvez vous procurer des sachets et des autocollants pour emballer votre cadeau. Ils font un carton. Malheureusement, tout le monde ne laisse pas un message dans le groupe Facebook lorsqu'il trouve un paquet. Mais, c'est amusant de voir ce que renferment les sachets et où ils finissent. »

 

Être l'initiatrice de l'action a ses conséquences. « Il m'arrive souvent de cacher quelque chose, mais je ne récupérerai moi-même jamais un paquet », dit Karen. « Dommage, car j'adore recevoir des cadeaux. Une serviette hygiénique signée a récemment été déposée par Sociaal Incapabele Michiel, de l'émission de TV De Ideale Wereld. J'ai trouvé ça regrettable ! »

Pour participer à l'action :

  • Pensez à un cadeau original que vous considérez comme une partie de votre héritage. Cela ne doit pas forcément être un gros cadeau.
  • Rejoignez le groupe Facebook Zwerfgoed.
  • Procurez-vous gratuitement des autocollants, des enveloppes recyclables et un document expliquant l'action au MAS, dans le quartier de l'Eilandje à Anvers. Vous ne pouvez pas vous y rendre ? Utilisez alors votre propre emballage.
  • Cachez votre paquet. Vous pouvez aussi le dissimuler au-delà du centre d'Anvers.
  • Laissez un indice et une photo sur le groupe Facebook.
  • Patientez !
  • Recommencez et/ou trouvez vous-même un paquet.
  • Il n'y a encore aucune certitude quant à la durée de l'action Zwerfgoed. Ou comme le dit Karen : « Nous continuerons tant que nous y prendrons du plaisir. » En mai, le MAS fêtera son dixième anniversaire et l'action fera l'objet d'une attention particulière.

Repéré par la caméra de sécurité

Pour stimuler l'enthousiasme des Anversois, Karen a demandé à des personnalités connues de participer aussi à son action. Parmi celles-ci, le comédien William Boeva. « Au début, il voulait cacher un sandwich à l'américain préparé à moitié mangé. Heureusement, il a fini par opter pour un livre de blagues. »

 

Nous nous promenons dans le parc de la ville en direction du skate park. Il n'y a pas grand monde. Il pleut et le vent est soutenu. Pourtant, Karen ne veut pas se débarrasser trop rapidement de son paquet. Chaque cadeau mérite une bonne cachette. « En fait, il n'y a pas de mauvais endroits », dit-elle. « Partout, les gens sont attentifs. Récemment, j'ai remarqué qu'un paquet avait été laissé à un endroit inconnu dans le quartier des quais. Même ce cadeau a vite disparu. » Deux conseils pour les nuls tout de même : « Choisissez un endroit de passage et évitez les propriétés privées. » Compris, Karen !

« Parfois, je fais exprès de me tenir à distance pour voir qui prend mon cadeau. Ces rencontres sont toujours amusantes. »


Celui qui cache une surprise prend-il du plaisir à voir celui qui la trouve ? « Oui, beaucoup ! », dit Karen. « Parfois, je fais exprès de me tenir à distance pour voir qui prend mon cadeau. Ces rencontres sont toujours amusantes. » Certains passent au niveau supérieur. « Une de mes amies possède une galerie d'art. Elle a caché un paquet devant sa porte pour que la caméra de sécurité puisse filmer celui qui le prenait. On voit un homme qui passe et qui revient sur ses pas pour prendre l'enveloppe. Malheureusement, il ne s'est jamais fait connaître sur le groupe Facebook. »

 

Pour améliorer les chances que la personne qui trouve le paquet révèle son identité, vous pouvez vous procurer un document au MAS avec quelques explications sur le projet. Vous glissez ensuite ce document dans votre enveloppe. Vous pouvez également y inscrire votre nom et vos coordonnées. « J'ai déjà reçu tellement de messages sympas », dit Karen. « J'ai trouvé un de tes mugs et je suis trop contente ! », a écrit quelqu'un. Cela égaye sa journée et la mienne. »

Autres initiatives dans l'esprit de l'héritage

Dissimuler des surprises pour les passants n'est pas un concept nouveau. Tout a commencé en 2000, lorsque Dave Ulmer a caché le tout premier paquet avec coordonnées GPS à Beavercreek, dans l'Oregon (États-Unis).

  • Géocaching : au moyen de coordonnées GPS, le promeneur peut rechercher des caches. Il s'agit de boîtes étanches contenant un carnet et généralement un petit cadeau. Si vous prenez ce cadeau, vous devez alors glisser un nouvel objet dans la boîte.
  • Chasseurs de livres : vous êtes un rat de bibliothèque ? « Abandonnez » alors un livre que vous avez lu et laissez un indice sur le groupe Facebook des Chasseurs de livres. Celui qui trouve le butin peut le lire et le déposer ensuite quelque part dans la nature.
  • Plantes porte-bonheur : certaines plantes d'intérieur poussent à vitesse grand V. Pourquoi ne pas rendre heureux un passant avec un peu de verdure ? Els, du compte Instagram « Things That Are Fine », a pensé que ce serait un moyen sympa de se débarrasser de toutes ses boutures.

Karen a choisi. Un arbre creux près de la rampe de skateboard. « Parfait ! », dit-elle. « Bien caché et dans un endroit très fréquenté. Je vais tout de suite poster un indice sur Facebook. Je pense que ça va prendre un certain temps avant que mon cadeau disparaisse. » Aujourd'hui, nous n'attendrons pas celui ou celle qui trouvera le paquet. Ce n'est pas un temps à mettre un chien dehors (désolé Jean-Bob). Il n'y a plus qu'à suivre l'affaire en ligne.

 

Mais avant cela, prenons la pose. Pour la photo, Karen enlève exceptionnellement son masque. Elle fait partie des femmes qui prennent la peine de mettre du rouge à lèvres, bien que leur bouche soit la plupart du temps cachée par un morceau de tissu. « Je n'ai pas le choix. Je porte du rouge à lèvres rouge vif tous les jours depuis environ huit ans. Si je ne le fais pas, les gens me demandent si je suis malade. Eh oui. Mais j'applique les mesures anti-corona à la lettre. Mon père a un cancer des poumons et je veux continuer à le voir. Donc, depuis des mois, je ne laisse entrer personne dans mon appartement et je rencontre le moins de gens possible. Cette action de partage est aussi un moyen amusant pour moi de rester en contact avec les gens. »


Air du Trix

« Il est intéressant de voir ce que les gens entendent par héritage », explique Karen. « Pour certains, c'est quelque chose du passé, pour d'autres, quelque chose de nouveau. Je remarque, par exemple, que beaucoup d'auteurs cachent leurs propres livres. Je comprends, c'est quelque chose de très important dans leur vie. Cela fait plaisir de voir les efforts que déploient certaines personnes. Ainsi, récemment, quelqu'un a caché le café préféré de sa grand-mère acheté spécialement dans un magasin de café connu. » Karen a également adoré le porte-clés du phénomène Instagram Mininieuws. « Le porte-clés contenait une petite photo d'actualités. La personne qui a trouvé ça a sûrement dû bien rigoler. Cette pensée me fait plaisir. »

« Il est intéressant de voir ce que les gens entendent par héritage. Pour certains, c'est quelque chose du passé, pour d'autres, quelque chose de nouveau. »


Même de grands lieux culturels comme le Trix et l'Arenberg ont caché un paquet. « Sans même que je leur demande », explique Karen. « J'apprécie le fait que mon initiative permette également au secteur culturel de créer des liens. Le Trix avait préparé un paquet contenant des tickets boissons à échanger à la réouverture de la salle. Il y avait même un petit pot "air du Trix". » Le cadeau parfait pour les accros de la culture.

 

En attendant, qu'est-il advenu de son paquet, celui qui se trouvait dans l'arbre creux ? « Trop bien caché, j'en ai peur », dit Karen au moment de se séparer. « Il est là depuis une demi-heure maintenant et il n'a pas encore été trouvé. Mais attends... Celui de l'abribus a disparu. C'est fou ! » Voilà qui lui fait visiblement plaisir. « Je suis ravie que l'action soit un succès. J'en suis assez fière. Et surtout : elle rend les gens heureux. C'est le plus important. »

 

* Jean-Bob, le chien et le meilleur ami de Karen, est malheureusement décédé depuis la rédaction de cet article. Il avait 9 ans. Repose en paix, Jean-Bob.

Nous avons fait le test

Notre rédacteur a fait le test et a caché un paquet de cartes postales des années 90. Celles-ci ont été détachées avec soin d’un magazine pour jeunes, puis conservées dans une boîte pendant près de 25 ans, dans l'attente du moment idéal. Et celui-ci est enfin arrivé ! Nous avons caché notre enveloppe au poste de police de la Quinten Matsijslei. Nous l'avons accompagnée d'une lettre et avons posté une photo sur Facebook. Dans les règles de l'art. À peine six minutes (!) plus tard, quelqu'un a répondu que le paquet avait disparu. La personne qui a trouvé l'enveloppe ne s'est pas fait connaître. A-t-elle apprécié les cartes postales de Bon Jovi, Get Ready et du jeune Werner De Smedt ? Ou la police les a-t-elle secrètement confisquées ? Malheureusement, nous ne le saurons jamais.


Au cours d'une promenade ou d'une course, vous pouvez laisser un cadeau, mais vous pouvez aussi en récupérer un. Faites du plogging et ramassez les déchets. Vous rendrez votre ville un peu plus propre tout en faisant de l'exercice !


Grâce à l'action partage d'héritage de Koaren, vous apprendrez à connaître Anvers d'une manière différente. Curieux de connaître le reste du pays ? Nous mettons tout en œuvre pour vous aider à organiser vos vacances de proximité.


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